Publications » Gallia » Premiers temps chrétiens en Gaule méridionale
« Ouvrons donc les yeux et regardons quelque chose qui est une esquisse, image provisoire faite pour questionner et étonner »
La formule est de Paul-Albert Février dans son introduction au catalogue de l’exposition Les premiers temps chrétiens en Gaule méridionale (Février, Leyge dir. 1986, p. 29) qui s’était tenue en 1986 à l’occasion du XIe Congrès international d’archéologie chrétienne. Nous la reprenons à notre compte pour introduire ce dossier de Gallia qui vise, vingt ans après, à « revisiter » ces « premiers temps chrétiens en Gaule méridionale » ou, mieux, les paysages et la société de la Gaule méridionale pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Car si les phénomènes de christianisation tiendront toute leur place dans ce dossier, ils seront surtout invoqués à titre de « marqueurs », comme disent les biologistes, en ce qu’ils constituent pour cette période des signes privilégiés d’une évolution qui fut décisive pour l’histoire de l’Occident : celle qui a conduit au passage de la cité antique à la chrétienté médiévale. « Revisiter » un tel dossier ne relève nullement d’un « devoir de mémoire », mais d’un souci d’actualisation car les travaux n’ont pas manqué, depuis vingt ans, dans le domaine de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge.
Marc Heijmans et Jean Guyon
Introduction [p. 5-9]
Brigitte Beaujard
Les cités de la Gaule méridionale du iiie au viie s. [p. 11-23]
Marc Heijmans
La place des monuments publics du Haut-Empire dans les villes de la Gaule méridionale durant l’Antiquité tardive (ive–vie s.) [p. 25-41]
Núria Nin
L’occupation du théâtre d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) durant l’Antiquité tardive [p. 43-45]
Marc Heijmans
Les habitations urbaines en Gaule méridionale durant l’Antiquité tardive [p. 47-57]
Marc Heijmans
La mise en défense de la Gaule méridionale aux ive–vie s. [p. 59-74]
Jacques Planchon
Die (Drôme) : de la ville ouverte à la ville fortifiée [p. 75-79]
Simon Esmonde Cleary et Jason Wood
Le rempart antique de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne) [p. 81-84]
Jean Guyon
Émergence et affirmation d’une topographie chrétienne dans les villes de la Gaule méridionale [p. 85-110]
Charles Bonnet
Éléments de topographie chrétienne à Genève (Suisse) [p. 111-115]
Wandel Migeon
Le groupe épiscopal de Bordeaux (Gironde) [p. 117-119]
Marc Heijmans
L’église paléochrétienne de l’enclos Saint-Césaire à Arles (Bouches-du-Rhône)
[p. 121-124]
Julien Denis
Le baptistère de Limoges (Haute-Vienne) [p. 125-129]
Manuel Moliner
La basilique funéraire de la rue Malaval à Marseille (Bouches-du-Rhône) [p. 131-136]
Claude Raynaud
Le monde des morts [p. 137-156]
La première livraison du dossier débutait par une contribution de B. Beaujard sur « Les cités de la Gaule méridionale » qu’il importera de garder présente à l’esprit en lisant les pages qui suivent, car pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, la trame des cités n’a cessé d’informer les paysages et la vie économique des Gaules. Venaient ensuite une approche du monde des villes, dont M. Heijmans et J. Guyon ont assumé conjointement la responsabilité, puis une synthèse de C. Raynaud sur le monde des morts, qui faisait place également aux nécropoles urbaines et aux nécropoles rurales.
Cette seconde livraison débute par deux contributions sur le monde des campagnes : l’une, de L. Schneider, traite des « Rythmes de l’occupation rurale et des formes de l’habitat dans le sud-est de la France » ; l’autre, de Y. Codou et M.-G. Colin, aborde le phénomène sous l’angle de l’émergence d’une topographie chrétienne qui constitue, comme pour les villes, une des nouveautés de la période, comme le montrent assez les éclairages qui viennent à l’appui de leurs analyses. Ces deux approches sont d’ailleurs largement convergentes, car les linéaments du premier établissement chrétien ont en règle générale épousé ceux des établissements ruraux, ce qui n’est guère pour étonner quand on sait que les pratiques de l’Église ont toujours été marquées au coin du pragmatisme. Une équipe réunie autour de M. Bonifay et C. Raynaud traite ensuite des échanges et de la consommation, deux domaines dans lesquels les recherches ont enregistré des résultats particulièrement substantiels au cours des deux dernières décennies, les progrès des connaissances laissant percevoir de mieux en mieux combien le dynamisme de l’économie s’est longtemps maintenu pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, non seulement grâce aux échanges, mais aussi au travers d’une production locale destinée à répondre aux demandes courantes des consommateurs.
Laurent Schneider
Structures du peuplement et formes de l’habitat dans les campagnes du sud-est de la France de l’Antiquité au Moyen Âge (ive–viiie s.) : essai de synthèse [p. 11-56]
Yann Codou et Marie-Geneviève Colin
avec une contribution de Monique Le Nézet-Célestin
La christianisation des campagnes (ive–viiie s.) [p. 57-83]
Jean Terrier
Une archéologie pour aborder la christianisation de l’espace rural : l’exemple de la campagne genevoise [p. 85-91]
Michel Bonifay et Claude Raynaud
avec les contributions de Frédéric Berthault, Stéphane Bien, Élise Boucharlat, Danièle Foy, Tomoo Mukai, Emmanuel Pellegrino, Jean-Pierre Pelletier, Dominique Pieri, Jean Piton, Yves Rigoir, Tony Silvino, Jean-Christophe Tréglia
Échanges et consommation [p. 93-161]