Gallia
1996 | 53

Les productions des ateliers
de potiers antiques de Lyon

1ère partie - Les ateliers précoces

sous la direction de
Armand Desbat, Martine Genin et Jacques Lasfargues

Les recherches et les résultats dont on lira l’exposé dans les pages qui suivent ne représentent qu’une partie d’une étude globale consacrée aux ateliers de céramiques antiques de la moyenne vallée du Rhône, dont les ateliers de Lyon constituaient bien évidemment le point fort. Ces recherches ont été réalisées dans le cadre d’un Programme collectif de recherches de la Sous-Direction de l’archéologie (Programme H13), de 1987 à 1992, et d’une ATP du programme pluriannuel de développement de la recherche en sciences humaines de la région Rhône-Alpes (PPSH), CNRS Région, en 1991-1992. Ce programme a pu être mené à bien grâce à un travail collectif associant des chercheurs appartenant à différents organismes : Sous-Direction de l’archéologie, CNRS, musées, archéologues des collectivités locales, et à la présence à Lyon du Laboratoire de céramologie du CNRS (ERA 3 du Centre de recherches archéologiques) qui en fut le promoteur et le coordonnateur. Une telle recherche nécessitait en effet des analyses en laboratoire sur les pâtes céramiques, analyses pétrographiques ou physico-chimiques, destinées à caractériser les divers centres de production. Elles étaient indispensables pour séparer sur des critères pertinents des productions dont les caractéristiques techniques ou typologiques étaient proches, ce qui est le cas pour une bonne partie des productions lyonnaises et viennoises. Ces analyses étaient tout aussi nécessaires pour étudier la diffusion des ateliers dans une perspective économique et déterminer à plus long terme l’origine des produits sur les sites de consommation.

Concernant les ateliers lyonnais en particulier, cette recherche n’aurait pu aboutir sans la collaboration du musée de la Civilisation gallo-romaine, où sont actuellement rassemblées les collections qui ont servi de base à cette étude. Mais ce travail a bénéficié également de l’aide financière et matérielle du musée qui a pris en charge une grande partie du travail de dessins et de photographies, en particulier les dessins de gobelets d’Aco réalisés par Marie-Noëlle Baudrand et les photographies réalisées dans leur quasi-totalité par Christian Thioc.

Les découvertes effectuées depuis une trentaine d’années à Lyon ont fourni une documentation abondante sur les ateliers de potiers antiques. Les nombreux témoins d’une activité céramique attestent de l’importance de cette industrie et de sa variété. Pourtant il faut souligner que notre connaissance de ces ateliers est très limitée. Si l’on excepte la fouille de la Muette en 1966, toutes les découvertes n’ont concerné que des surfaces extrêmement réduites et la vision que l’on peut avoir de ces ateliers est très ponctuelle. Il faut rappeler en outre qu’aucun de ces sites n’a fait l’objet de fouille systématique et qu’il s’agit le plus souvent de ramassages effectués dans des conditions difficiles pour ne pas dire catastrophiques, qui étaient celles des fouilles de sauvetage de l’époque. Il faut souligner également un paradoxe, les ateliers ayant livré des structures, notamment des fours, sont ceux dont on connaît le moins la production, comme par exemple le site de Saint-Vincent. À l’inverse, les sites d’ateliers ayant fourni de nombreuses traces de production, comme la Muette ou la Butte, n’ont pas livré les structures correspondantes. Les nombreux fours révélés par la fouille de la Muette correspondent en effet à la phase tardive de l’atelier pour lequel nous ne connaissons qu’une production de cruches. Pour toutes ces raisons, nous ignorons à peu près tout de l’organisation des ateliers, de leur étendue et de leur évolution spatiale. La multiplicité des points de découvertes laisse supposer que les ateliers céramiques ont été très nombreux et ont occupé des surfaces importantes. Bien que l’essentiel des découvertes soit concentré sur les rives de la Saône le long du quai Saint-Vincent, il est très probable qu’il a existé d’autres ateliers non seulement sur la colline mais également en d’autres lieux des quartiers bas, dans la presqu’île et sans doute dans la plaine de Vaise. On connaît maintenant un petit atelier tardif à Charavay (fouille de J.-P. Lascoux) mais d’autres découvertes comme celles de la place Valmy (fouille de M. Le Nezet) suggèrent la possibilité d’ateliers d’amphores dans ce secteur. C’est dire que notre connaissance des ateliers lyonnais et de leurs productions est loin d’être complète et qu’il nous reste sans doute beaucoup à découvrir. Malgré cela, les renseignements fournis par les fouilles des sites d’ateliers, complétés par l’étude des sites de consommation proches ou lointains, ainsi que les résultats apportés par les analyses d’argiles permettent aujourd’hui de proposer de nouvelles approches des productions céramiques lyonnaises.

L'atelier de la Muette

L’atelier de la Muette, situé quai Saint-Vincent, sur la rive gauche de la Saône, a fait l’objet de deux campagnes de fouille en 1966 et 1975. Les productions se composent pour l’essentiel de céramique sigillée et de vases à parois fines, mais comprennent également des plats à vernis rouge interne, des lampes, des céramiques communes à pâte calcaire et probablement des amphores. L’examen d’une partie de ce mobilier, entrepris par J. Lasfargues et M. Picon il y a une vingtaine d’années, avait pu démontrer que cet atelier était en fait une succursale arétine destinée, entre autres, à l’approvisionnement des camps militaires du limes rhénan, et qui avait dû fonctionner dans les années 15 av.-15 apr. J.-C. L’étude détaillée du mobilier permet aujourd’hui de mettre en évidence deux périodes de production successives et très probablement continues. La première période, qui se caractérise par un très faible degré de standardisation des vases sigillés mais également par l’abondance relative des gobelets d’Aco, est selon toute vraisemblance légèrement antérieure aux premiers horizons du limes. La seconde période s’apparente davantage à un horizon augustéen classique, bien que le mobilier révèle des différences sensibles avec les ensembles classiques du limes et de Lyon. Ces données suggèrent que les découvertes de l’atelier de la Muette ne représentent qu’une partie des productions lyonnaises d’époque augustéenne.

Jacques Lasfargues
Les circonstances de la découverte et les structures [p. 39-40]

Martine Genin, Bernard Dangréaux, Colette Laroche, Sandrine Elaigne et Armand Desbat
Les productions de l’atelier de la Muette [p. 41-191]

Martine Genin, Jacques Lasfargues et Maurice Picon
Corpus des marques lyonnaises sur sigillée et imitations de sigillée [p. 193-213]

Anne Schmitt
Analyse chimique des pâtes [p. 215-217]

Armand Desbat et Martine Genin
Les ateliers précoces et leurs productions [p. 219-241]

Bibliographie
1997 | 54

Les productions des ateliers
de potiers antiques de Lyon

2e partie - Les ateliers du Ier s. après J.-C.

sous la direction de
Armand Desbat

Notre connaissance des ateliers et des productions céramiques n’est pas limitée à la période augustéenne (même si c’est pour cette période que notre documentation est la plus abondante, cf. 1ère partie), puisque cinq sites d’ateliers du ier s. apr. J.-C. ont été repérés et partiellement fouillés depuis 1965. Aucun de ces sites n’a fait l’objet de véritable fouille hormis celui de la Muette en 1966 et celui de Trion en 1985. Toutefois les fouilles n’ont concerné que des surfaces modestes et le plus souvent les découvertes n’ont donné lieu qu’à des ramassages effectués dans des conditions très difficiles, pendant le déroulement des travaux. De ce fait, le mobilier qui en provient est très pauvre, mais malgré la faiblesse de sa qualité aussi bien que de sa quantité, il constitue néanmoins des références précieuses pour la connaissance des productions lyonnaises.

ISBN : 978-2-271-05489-0

Format : 22 x 28 cm, 284 pages

Date de parution : 01/03/1998

Plusieurs des sites concernés avaient déjà fait l’objet de découvertes par le passé et les collections anciennes du musée de Lyon recèlent des vestiges qui en viennent. Malheureusement la documentation relative à ces découvertes est très maigre et se limite aux témoignages des auteurs du xixe s. comme Artaud (1846) Comarmond (1855-1857) ou Steyert (1895). Encore ces témoignages ne sont-ils pas exempts d’erreurs et la localisation d’un atelier, rue de la Charité, par Steyert a été remise en cause, de même que sa localisation de l’atelier de lampes de Strobilius. Malgré cela le rapprochement entre les trouvailles anciennes et celles réalisées depuis éclaire certains aspects et la présente étude a pris en compte le matériel issu des découvertes du xixe s.

En dehors des sites pour lesquels nous possédons des témoins de la production, il en existe d’autres qui sont signalés par les auteurs du xixe s. sans que l’on puisse juger de la véracité du témoignage ni évaluer la chronologie. C’est le cas pour les ateliers signalés par Artaud (1846) quai des Étroits ou dans la presqu’île (Lasfargues 1973).

Éric Bertrand, Armand Desbat, Sandrine Elaigne et Anne Schmitt
L’atelier de la Butte [p. 5-43]

Armand Desbat et Anne Schmitt
L’atelier de la Manutention [p. 45-50]

Colette Laroche
L’atelier de la Muette (2e période) [p. 51-54]

Colette Laroche
L’atelier de la Sarra [p. 55-61]

Christine Thollon-Pommerol et Colette Laroche
L’atelier de Trion (place Cardinal-Gerlier) [p. 63-68]

Cécile Batigne et Anne Schmitt
Nature des pâtes des céramiques culinaires des ateliers de la Sarra et de Trion
[p. 69-71]

Armand Desbat et Bernard Dangréaux
La production d’amphores à Lyon [p. 73-104]

Sommaire cartographique
Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon

Ces volumes ont été numérisés, documentés et publiés en ligne par les équipes de l’UMS 3602